Papotons

L’AFRIQUE ET LA SANTÉ MENTALE

Cet article a failli ne jamais paraitre ! 🫢 Pourquoi ? Parce que je me suis demandée à plusieurs reprises en quoi je me sentais légitime de vouloir en débattre 🤔. Puis la petite voix en moi m’a murmuré : « fais-le, tu pourras ainsi lever le voile sur ce sujet tabou chez toi » ! Et comme on le dit bien, il vaut mieux tard que jamais : octobre n’est pas que le mois pour la sensibilisation pour le cancer des seins, c’est aussi celui de la Journée Internationale de la santé mentale (10 octobre). 🫡

Avant toute chose, je te remets dans le contexte, j’ai vécu en Afrique (au Togo principalement) durant mes vingt premières années avant d’immigrer en France. De ce fait, j’ai vu, entendu et vécu des choses qui touchent à la santé mentale… 😔

Nos pays « en développement » investissent très peu de leur budget dans le traitement des personnes atteintes de troubles mentaux. Il faut dire que ce n’est pas malheureusement pas leur priorité par rapport aux maladies infectieuses très meurtrières, comme le paludisme, le sida, l’Ebola, la tuberculose, la rougeole entre autres. Les personnes atteintes de handicaps psychosociaux sont considérées comme une « honte de la société » et sont vite livrés à eux-mêmes, déambulant dans les rues sans le sou pour se nourrir. Ils sont souvent surnommés « fous » par manque de connaissance au sujet de ces maladies.

Le poids de la religion et/ou superstition

La superstition ou croyance n’aidant pas… les familles face au manque de services de soins médicaux locaux agissent de deux façons en général : soit elles s’éloignent peu à peu de leurs enfants quand ces derniers acceptés encore à la maison ne « dérangent pas trop », soit elles les confient à des « églises » pour leur faire vivre une « guérison spirituelle » puisqu’ils sont perçus comme possédés par des mauvais esprits. 😶‍🌫️😱

Démunis face à un manque de véritable diagnostic, les familles ayant foi en Dieu, se tournent désespérément vers leur seule « porte de secours » : les églises pentecôtistes ou les ministères pour soigner leurs enfants. Cette croyance aveugle en leurs pasteurs a démocratisé de plus en plus les faits de ces derniers. En effet, les parents ne remettent aucunement en question les pratiques desdits prophètes.😵‍💫

Ils se permettent de faire subir des traitements indignes aux malades, plutôt aux esprits malins qui possèdent le corps et l’esprit des malades, sans aucune connaissance de la psychiatrie. Dans cette vidéo ghanéenne, on peut y voir la prise en charge de ses malades. De plus, un article du Monde paru en 2017, relate ceci : « Au Bénin, on confie parfois les déficients mentaux à certaines « églises » qui sont en réalité des sectes. Elles les mettent dans des camps où ils prient du matin au soir, avec de temps en temps une bonne bastonnade pour faire sortir l’esprit malin qui serait en eux. J’ai vu cette pratique à Madagascar, où on considère qu’une raclée est efficace pour purifier le corps… Si la violence n’est pas suffisante, la pratique de l’enchaînement est courante. Au Burkina Faso, on a découvert dans un camp tenu par une secte 150 déficients mentaux enchaînés dans des conditions atroces. »😡

Il faut dire que la situation économique plus que modeste des parents poussent ces derniers à choisir des solutions radicales, à savoir laisser errer nues leurs malades dans les rues avec une seule ressource, de l’eau venant des caniveaux ou la pluie, ou encore se confier aux tradi-thérapeutes qui parfois promettent monts et merveilles.

1 psychiatre pour 500 000 habitants ? 🤯

Il a été constaté que dans la plupart des pays africains, il y a un psychiatre pour 500 000 habitants ou encore pour un million d’habitants comme à Madagascar ! Comment cela est-il possible alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande le centième des habitants pour un psychiatre, soit 5 000 personnes ? 🤐

Il faut dire que la COVID-19 avec ses ravages (anxiété démultipliée des jeunes, sentiment d’insécurité…) a parmi à beaucoup de sortir du déni des maladies mentales (la schizophrénie, la dépression ou les troubles bipolaires, stress, anxiété…) et d’oser en parler.

Des actions concrètes ?

Le Béninois Grégoire Ahongbonon, un ancien réparateur de pneus, a créé, dans les années 1990, l’Association Saint-Camille-de-Lellis, qui gère aujourd’hui sept centres en Côte d’Ivoire, autant au Bénin et trois au Togo 🤩. D’autres actions sont à noter ailleurs comme au :

Dakar :

Le centre hospitalier universitaire de Fann, à Dakar, s’est fait connaître en défendant une pratique en rupture avec la psychiatrie coloniale en présence des psychiatres français Henri Collomb et sénégalais Moussa Diop — cofondateurs de la revue Psychopathologie africaine. À l’instar du premier psychiatre du Nigeria, Thomas Lambo, l’« école de Dakar » se voulait attentive à l’environnement socioculturel des patients et ouverte aux médecines traditionnelles.

Cameroun :

 L’opération “zéro malade mental errant dans les rues de Yaoundé” lancée en 2019 par les ministères de la Santé et des Affaires sociales et la mairie de Yaoundé pour venir en aide aux malades souffrant de troubles mentaux. Le but est de ramener ces personnes, souvent abandonnées par leurs familles, dans des formations sanitaires spécialisées, où elles recevront un traitement médical et psychologique et une aide à la réinsertion sociale. 

Ghana et Zimbabwe :

En collaboration avec l’OMS, ils travaillent en vue de développer leurs offres de soins.

Togo :

  • Le Programme « Agbéyéyé » (« Nouvelle vie »), de l’association Hands From Above : Initié par l’activiste togolaise Peace Vera Ahadji, ce programme de trois ans vise à rendre leur dignité à une centaine de personnes atteintes de troubles mentaux et qui errent dans la rue à Lomé, la capitale.
  • Depuis 2021, un nouveau centre de soins pour les malades mentaux, financé par la conférence épiscopale italienne, a vu le jour à Dapaong. Il comporte un bâtiment d’accueil, archive et caisse, de pharmacie, de consultations et un bâtiment pour l’ergothérapie, un bâtiment d’hospitalisation des hommes, un autre pour les femmes, une buanderie, une cuisine, un isolement, contention et bloc administratif, un dispositif électroencéphalogramme pour démystifier la maladie mentale et neurologique.

La liste au-dessus est non exhaustive bien sûr. L’ignorance, la peur, les croyances spirituelles et le manque d’argent sont autant de facteurs qui ont poussé les familles à se débarrasser de leurs malades mentaux. Il est temps de changer de regard sur nos malades en Afrique et d’arrêter de diagnostiquer à tout-va « de la folie » à toute personne qui agit différemment sans consulter un spécialiste en psychiatrie. Redonnons à ces personnes la dignité qu’ils ont perdue ☺️🫡.

J’espère que tu as apprécié en savoir plus sur la vie mentale en Afrique. Je serai ravie de pouvoir aider financièrement les organismes qui viennent en aide aux malades mentaux en Afrique quand l’occasion se présentera. J’ai envie de dire « NO MORE PEOPLE IN CHAINS ! » 🤨. À bientôt pour un nouveau sujet 😘.

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